mercredi 1 juillet 2009

La Coproduction Conditionnée

Aujourd’hui, je vais vous parler de la coproduction conditionnée, le concept bouddhique de conditionnalité, de dépendance et de réciprocité. Il s’agit d’une manière de comprendre la souffrance, ses causes ainsi que de la façon d’y remédier. L'essentiel du concept réside dans la notion d'interdépendance (vacuité).

La coproduction conditionnée est ainsi présentée comme un ensemble de douze liens, ou maillons, formant une suite cyclique. Ce n’est ni l’individu ni un autre qui est la cause de la souffrance; c’est la coproduction conditionnée. Conditionnées par l’ignorance se produisent les formations mentales, etc.

Ainsi, tous les phénomènes sont composés et inter-dépendants, que ce soient les objets physiques, les sensations, les perceptions, la pensée, la conscience. C’est la roue des Douze Causes Interdépendantes.

Ne pas le comprendre pousse à agir, impulsions et motivations à l’action, volontés et impulsions non éclairées par la sagesse, et conditionnées par les productions de l’ignorance, c’est-à-dire l’avidité et la haine.

L'absence de vue correcte de la nature des choses et des caractéristiques de l'existence conditionnée (impermanence, insatisfaction et absence d'essence) est à l'origine d'actes, paroles ou pensées qui produisent des imprégnations karmiques.

Les créations mentales ayant des effets karmiques, elles conditionnent le niveau de conscience. Les états de conscience conditionnent les phénomènes physiques et mentaux, qui eux conditionnent les six sphères sensorielles.

À parti des six sphères sensoriel (yeux, nez, oreilles, bouche, toucher, et la conscience) découle le contact qui produit les sensations. Il y a deux types de sensations, l’un correspond aux perceptions ou sensations cognitives nous permettant de reconnaître les objets, sans intervention de l’émotion. L’autre, les sensations affectives, nous permettant d’apprécier les qualités des objets : bon, mauvais, j’aime ou je n’aime pas, ou bien neutre.

Les sensations provoquent le désir. Si la sensation est agréable, on veut la perpétuer ou la renouveler. Ce qui conditionne l’avidité, l’attachement etc. Inversement le désir peut-être un désir de rejet de ce qui nous est désagréable : rejeter, éliminer l’autre qui nous gêne. Le désir provoque donc l’attachement et les angoisses de la peur de perdre l’objet, un partenaire par exemple, ce qui provoque anxiété et jalousie.

Désir et attachement produisent le souhait de continuer à exister dans ce monde pour jouir de ce qui nous fait plaisir. La vie étant courte, on se projette avec une forte énergie vers une existence future : continuer à renaître, devenir encore. C’est l’énergie de cette conscience, qui sans être quelque chose de fixe, est dans un processus de vouloir redevenir, provoquant une nouvelle naissance, vieillesse et mort.

Cette nouvelle existence, impermanente, sujette aux frustrations et maladies, aboutit en effet à la vieillesse et à la mort. On voit bien à partir de là que l’existence humaine est hautement impermanente ; conditionnés par l’ignorance.

‘L'examen des conditions d'existence des êtres vivants aboutit à la prise de conscience de la souffrance et de l'insatisfaction qui caractérisent la vie. En effet, chaque être vivant va faire, au cours de sa vie, l'expérience de situations pénibles qu'il n'a pas souhaité. Les formes les plus évidentes en sont la pauvreté, la maladie, la vieillesse et la mort. En revanche, ce que l'être vivant désire, il ne l'obtient que rarement et en ressent une grande frustration. Même lorsque ses désirs sont satisfaits, il ne peut s'en contenter et en voudra plus. L'état prolongé de satisfaction que l'on recherche, rien ne pourra le produire, car rien n'est durable. L'impermanence de toute choses régit en effet toute la pensée bouddhique.’

‘Le but des enseignements du Bouddha est donc de libérer de la souffrance tous les êtres vivants en leur montrant le chemin qui mène à un bonheur inaltérable. Pour supprimer cette souffrance, il faut en trouver les causes. C'est la qu'intervient le karman, loi selon laquelle tout acte volontaire porte tôt ou tard ses fruits. Cela peut-être agréable pour une action vertueuse ou désagréable pour une action non-vertueuse. Cependant, c'est plus l'intention que l'acte lui-même qui compte, et l'intention provient avant tout de l'ignorance. L'ignorance est donc à l'origine de toute souffrance.‘

La coproduction conditionnée devient la base d’une conception plus profonde de la réalité, qu’on appelle réalité profonde ou absolue, ce dernier mot n’ayant pas vraiment de sens. L’existence n’ayant pas d’existence propre (car elle existe que par interdépendance), est conditionné elle-même par ces 3 caractéristiques : l’impersonnalité (il n’y a rien qui ait une existence indépendante et réelle en soi.), l’impermanence (tout est constamment changeant, on ne peut absolument rien trouver de permanent dans les phénomènes) et l’insatisfaction (aucun phénomène ne peut nous satisfaire de manière ultime et définitive).

Si on considère les anneaux de cette chaîne nous enchaînant en un cycle, la meilleure façon de nous en échapper, est de briser un de ces anneaux, soit en nous éveillant de notre ignorance, la meilleure manière, soit, comme les ascètes, de tenter de vaincre les désirs.

Je pense que tout cela est très intéressant, et bien que contradictoire à notre société dualiste de consommation, je croie qu’il y a beaucoup de choses que l’ont peut apprendre de ces écrits.

Sur ce, je vous souhaite à tous une douce soirée !

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